Description
Le planeur Emouchet évoque à bien des pilotes leurs premières armes à bord d’un aéronef. Pour la première fois, un ouvrage raconte la création, le développement et la carrière de ce planeur SA-103 ou SA-104, selon ses versions.
Objet du patrimoine aéronautique français s’il en est, l’Emouchet imaginé avant la Seconde Guerre Mondiale, conçu plus ou moins clandestinement pendant l’Occupation, a connu ses heures de gloire avec le renouveau des ailes françaises après la Libération et jusque dans les années 60.
Il a été l’objet d’essais insolites comme la version à pilotage couché ou celle motorisée avec des pulso-réacteurs Escopette, de SNECMA.
Christian Ravel est le fondateur et le Président Honoraire du Groupement pour la Préservation du Patrimoine Aéronautique (GPPA) d’Angers, animateur du Musée Régional de l’Air d’Angers-Marcé.
Son action en faveur de la sauvegarde et de la restauration des aéronefs légers anciens a fait le tour de l’Europe. Grâce à son équipe angevine, de nombreux planeurs et avions classiques retrouvent la voie des airs ou sont en cours de restauration.
Parallèlement, l’auteur s’est attaché à sauvegarder des archives vouées à la destruction, ce qui lui donne matière à retracer des épisodes importants de l’histoire de l’aéronautique. Ancien Commandant de Bord B-747, Christian Ravel a gardé de sa jeunesse une passion pour les planeurs et les avions légers. Instituteur avant «d’entrer en aviation», il en a conservé aussi une fibre pédagogique et cultive l’amour de l’histoire écrite.
Il ne pouvait manquer de publier les études personnelles ou collectives menées au sein du Musée Régional de l’Air d’Angers.
Cette histoire du SA-103 Emouchet est la suite logique de celle des «Planeurs de l’AVIA», premier succès de cette série de passionnantes publications.
Extrait de l’ouvrage:
L’histoire du monoplace d’entraînement Emouchet emprunte des chemins tortueux. Elle commence au milieu des années trente.
La notoriété du Grunau-Baby allemand, en particulier dans ses dernières versions, amena le gouvernement français, selon une suggestion de Georges Abrial (publiée dans Les Ailes n° 835 du 17 juin 1937). à demander la cession des plans pour une éventuelle construction sous licence. Le seul résultat fut bien entendu un refus poli mais ferme…
Cet échec fut à l’origine du développement extraordinaire du prototype Mangeot 33, conçu par «le Chef» Mangeot, animateur de l’Aéro-club de Haute Moselle, à Pont-Saint-Vincent. Albert Mangeot était intervenu à plusieurs reprises auprès du Service technique du vol à voile, lui demandant d’apporter des modifications au planeur d’entraînement AVIA 32e.
Il jugeait ce dernier insuffisamment maniable, trop fragile, trop compliqué, voire dangereux. N’ayant obtenu aucun résultat, il lui fallut s’attaquer au problème lui-même, tout profane qu’il était, à l’époque, sur la question. Mangeot voulait une machine aussi simple que possible, donc d’un coût modique, construite en matériaux «nationaux» et ayant des qualités de vol suffisantes pour voler par faibles ascendances, conditions les plus courantes dans sa région. Cette machine ainsi définie permettrait de voler souvent. Elle devait également être maniable, sans danger, réfractaire à la vrille et d’une vitesse de vol aussi réduite que possible, toutes choses réduisant son emploi au seul entraînement des jeunes pilotes avec un minimum de risques. Ce modèle fut conçu durant l’hiver 1937-1938 et devint par la suite -et après modifications- le fameux SA (Sports Aériens) 103 Emouchet, un des meilleurs planeurs français de cette époque d’avant-guerre.
En 1937. les Polonais avaient présenté en France trois planeurs : le Salamandra, le Delfin et un biplace non encore identifié, dont ils avaient ensuite fait cadeau au gouvernement français à la suite d’une entrevue entre Etienne Spire, président de la Section aviation du Club Olympique de Billancourt et le grand chef de l’aviation polonaise, le Général Rayski, après des démarches habilement conduites par le Colonel Arbitre. Attaché de l’Air à Varsovie. En 1938, le ministère de l’Air avait alors affecté au Centre Régional de Pont-Saint-Vincent deux de ces planeurs.
Le planeur Emouchet et ses dérivés
L’un de ceux-ci, le Salamandra, planeur école à fuselage poutre, d’origine croatienne précise L’Air pour les Jeunes, fut mis entre les mains des moniteurs et examiné de près par M. Mangeot qui avait été intéressé par sa simplicité de construction, sa robustesse et ses qualités de vol. Après la casse du fuselage sur un atterrissage trop dur, il fut décidé d’en tirer un appareil d’entraînement en utilisant la voilure ainsi disponible et l’avant du fuselage. Le reste de l’appareil a été conçu en s’inspirant des différentes techniques et notamment de la technique allemande du Grunau Baby.